Résumé Éditeur :
"Le Reichsführer Himmler bougea la tête, et le bas de son visage s'éclaira...
- Le Führer, dit-il d'une voix nette, a ordonné la solution définitive du problème juif en Europe.
Il fit une pause et ajouta :
- Vous avez été choisi pour exécuter cette tâche.
Je le regardais. Il dit sèchement :
- Vous avez l'air effaré. Pourtant, l'idée d'en finir avec les Juifs n'est pas neuve.
- Nein, Herr Reichsführer. Je suis seulement étonné que ce soit moi qu'on ait choisi..."
Mon avis :
La mort est mon métier. Un titre très évocateur de ce que l'on apprend dans ce roman de Robert Merle. Personne ne peut oublier l'Holocauste. Ce que Hitler, dans sa folie, a fait subir à la race humaine, et en particulier aux Juifs ne pourra jamais être effacé. Il ne le faut pas car il est indispensable que ceci ne se reproduise plus...
Robert Merle a écrit son roman en 1952 en sachant pertinemment qu'il était à contre courant de ce qui s'était déjà écrit. Beaucoup d'écrivains étaient revenus sur cette horreur en se basant sur les témoignages de rescapés des camps de concentration et d'extermination. En donnant la parole a ceux qui avaient connu l'Enfer et en rendant hommage aux disparus.
Robert Merle nous offre une vision inversée de cet épisode de l'histoire par le regard de ces hommes qui ont commis l'irréparable.
La mort est mon métier est inspiré des confessions à un psychologue américain lors du procès de Nuremberg de Rudolph Hoess, commandant du camp d'Auschwitz.
Si la première partie du roman, retraçant l'enfance et la vie de Rudolph Lang, est romancée et fictive, la seconde partie sur le camp d'Auschwitz et la mise en place de la Solution Finale, est un véritable travail d'historien construit à l'aide des documents du procès de Nuremberg.
Robert Merle a fait un travail remarquable dans ce livre car il est essentiel de tenter de comprendre comment des hommes et des femmes ont pu suivre la folie d'un seul et commettre un acte d'une telle immoralité. Quels sont les éléments déclencheurs d'une telle atrocité ? Et surtout pourquoi ? N'avaient-ils aucune conscience ?
Rudolph Lang lui n'en avait plus. Son enfance sans amour et la perte de sa foi chrétienne l'ont entrainé dans les profondeurs de l'indifférence. Lang est devenu une machine réglée pour obeir quelque soit l'ordre. Il a été conditionné dès l'enfance à accomplir sa tâche "parfaitement et à fond". Lorsque Himmler lui ordonne de mettre en place un camp d'extermination à Auschwitz, c'est avec zèle et détermination qu'il se met à l'oeuvre. Il ne réfléchit en aucun cas à l'ampleur catastrophique de ses actes. Pour lui, les Juifs ne sont qu'une marchandise à traiter....et son travail est de les tuer pour le bien de l'Allemagne. Cette froideur dans les yeux de Rudolph n'est que le reflet d'une âme profondément annihilée.
Le but de Robert Merle n'est pas de nous justifier les décisions des officiers nazis. Bien au contraire, il nous ouvre les yeux sur les mécanismes dévastateurs d'une propagande tissée de faux patriotisme, de mensonges et de haine ayant menée des humains à détruire en masse d'autres humains. Afin que ceci ne se reproduise plus jamais, il faut parfois choquer et ne pas avoir peur de montrer l'Horreur.
En bref, La mort est mon métier est un livre d'histoire, éprouvant mais oh combien nécessaire. Il permet de ne jamais oublier que nous pourrions être un jour ces hommes et ces femmes combattant pour des idéaux pervertis et monstrueux en obéissant aveuglément aux missions décrites comme salutaires pour la patrie, fussent-elles inhumaines....N'oubliez jamais !!!
Ce livre a été lu dans le cadre d'une lecture commune organisée par Kactusss. Voici les avis des autres lecteurs : Aaliz, Achille49, Ayma, Bookine, Boubou, Cacahuete, Kactusss, Lacazavent, Mayella, Nuitetoilée, Pomm, Tachas.
Depuis des années, cette période m'obsède. Je regarde tous les documentaires que je peux, les films, je lis tous les romans ou essais qui me tombent sous la main, comme si j'étais à la recherche d'une réponse à mes questions... Je chercher, je cherche et ne trouve pas.
RépondreSupprimerEn tous cas, ce roman/essai me tente beaucoup et ton avis, me donne encore plus envie de m'y plonger bien que je sache déjà que ça ne va pas être une lecture facile, émotionnellement parlant.
Bel avis. Bisous
Très belle chronique, vraiment.
RépondreSupprimerTu as raison : ce roman décrit une page édifiante de l'Histoire dont il faut se souvenir...
RépondreSupprimerJe l'ai trouvé assez lent à lire. La dernière partie est poignante mais le début dissèque une psychologie à laquelle j'ai eu du mal à m'intéresser.
RépondreSupprimer@Malorie: je mène exactement la même quête que toi. J'ai trouvé une première partie de la réponse dans Si c'est un homme de Primo Levi "Comprendre, c'est pardonner", voilà pourquoi nous pouvons toujours chercher!
RépondreSupprimer@Fleurdusoleil: merci pour cette chronique
Nuitetoilée : Vraiment clair ta critique.
RépondreSupprimerC'est vrai qu'il y a des éléments de réponses à l'incompréhensible, cette horreur que des hommes ont créé.
Ce livre c'est un devoir de mémoire.
@Kactusss : Merci !
RépondreSupprimer@Alcapone : nous avons tous un devoir de mémoire...
@Mélusine : C'est dommage !
@Bookine : mais de rien !
@blueandnight : tout à fait...