Résumé Editeur :
Un cataclysme a englouti l'Europe du Sud et le Proche-Orient, et Paris est devenu un port méditerranéen.
Du côté de la Mer Morte, frappée à nouveau quarante siècles après la disparition de Sodome et Gomorrhe, la terre s'ouvre et un mystérieux sel violet en jaillit. Son goût et ses propriétés en font une denrée indispensable à tous, qui se vend à prix d'or.
Voilà un roman "bizarrissime" : le monde qu'il décrit, situé dans un avenir non précisé, est à la fois agressivement moderne - dominé par une multinationale toute-puissante, la Compagnie - et violemment archaïque.
Dans la Colonie lointaine, l'absence de la technologie moderne nous ramène plus d'un siècle en arrière.
De la science-fiction régressive, en quelque sorte.
A moins que cette histoire nous emmène, sans le dire, au coeur du présent ?
Elle nous décrit une société totalitaire, organisée à l'extrême, fondée sur le mensonge et la terreur...
D'un côté, à Paris, un personnage minuscule, solitaire, dépressif, affronte un monstre anonyme, la Compagnie, en un combat feutré. De l'autre, dans l'effroyable Colonie, cinq forcenés se déchirent, pantins ridicules dans un tourbillon de péripéties démentes, sanglantes et absurdes.
C'est grotesque et sinistre. Drôle et désespéré.
Mon avis :
Qu'on se le tienne pour dit ! Ce livre est à lire absolument ! C'est une perle, une pépite, un bain de folie dans ce monde de fous !
Comme le dit l'auteure à la fin de son roman, si vous recherchez les beaux paysages de Grèce, son histoire mythologique ou ne serait-ce qu'une tradition de ce pays, alors passez votre chemin ! Car dans La femme de Loth, vous entrez dans un monde totalement différent de celui que nous connaissons tous. Ioànna Bourazopoùlou redéfinit les frontières, bouscule les codes et nous offre un futur non défini aux accents de passé. Vu comme çà, cela peut paraître assez complexe, mais dès les premiers chapitres, tout est limpide. La méditerranée redessine ses côtes et se retrouve aux portes de Paris. Tout ce qui se trouvait dessous disparait à jamais sous les eaux. La société est régie par un groupe très puissant qui entend exploiter à fond la richesse sortie de ce déluge : un sel violet aux mille vertus.
Pour ce faire, cette super-puissance crée une colonie où chaque colon est employé de la Compagnie et où toute technologie est bannie. Ce décor déstabilise car il est situé dans le futur mais par ses dispositions quotidiennes, ramène le lecteur dans un moyen-âge assez familier.
Quand aux personnages et à l'intrigue, l'auteure a choisi un style burlesque, qui fait inévitablement penser aux excellentes pièces de théâtre de Molière. Ce qui est très original pour un roman classé dans la science-fiction. Vous ne croiserez aucune machine bizarre, aucun personnage modifié...mais vous aurez affaire à une vie entièrement consacrée au mercantilisme.
C'est avec beaucoup d'humour et de drôlerie que les personnages sont mis en situation. Par le biais de lettres envoyées à la Compagnie, cinq hauts dignitaires de la colonie et la seule femme née sur le sol colonial, racontent les événements qui ont conduit au désastre. Pour démêler les fils de cet imbroglio, un homme est choisi par la Compagnie. Il a la lourde responsabilité, sans le savoir, de résoudre l'intrigue.
De moments étranges, en situations cocasses, le lecteur est entrainé dans un jeu de pistes où se mêlent l'absurde, le mystique et le désespoir. Car la question se pose dans le titre : Qu'a-t-elle vu, la femme de Loth? Sa curiosité l'a-t-elle menée, comme il est écrit dans la Bible, a voir la colère de Dieu et la destruction immédiate de Sodome et Gomorrhe ou lui a-t-elle ouvert la porte du futur ?
Bref, ce roman, qui ne ressemble à aucun autre, a des accents de comédies burlesques mais qui laisse le lecteur dans la réflexion. L'écriture d' Ioànna Bourazopoùlou est limpide, fluide et légère. Le style est original et l'intrigue est grotesque et démente.
Je remercie chaleureusement Babelio et les Editions Ginkgo pour ce partenariat plus que réussi.
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