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La littérature n'a pas d'autre destination ni d'autre destin que d'appartenir à toute l'humanité. Ben Okri.

dimanche 28 novembre 2010

LA JARRE D'OR, Raphaël Confiant



Résumé Editeur : 
« Augustin Valbon se mit à pelleter le sol humide, couvert de feuilles mortes, avec une énergie qui le surprit lui-même. Il buta d’abord sur des roches, énormes, qu’il dut enlever à la force de ses bras et qui roulèrent avec fracas dans la sombre ravine qui bordait l’endroit et d’où l’on entendait monter ces étranges vagissements des tiges de bambou lorsque le vent les frotte les unes contre les autres. Ce labeur épuisant dura un paquet d’heures jusqu’à ce que la pelle cogne quelque chose et lui échappe des mains. La jarre ! La jarre de livres bannis ! Augustin les voyait. Il pouvait admirer leurs tranches dorées, leurs couvertures en cuir qui ne portaient aucune inscription. le jeune homme s’agenouilla devant le trou, tétanisé. Incapable de faire un geste. »

Augustin Valbon est un écrivain raté. Il vit à Fort-de-France dans le quartier mal famé des Terres-Sainvilles. Autour de lui gravitent Lisette, danseuse vedette du « Tango-bar », le sorcier Grand Z’Ongles, le fier-à-bras Bec-en-or. Valbon fréquente aussi le quartier huppé de l’En-Ville où il côtoie une sorte de Bohème tropicale, poètes romantiques, symbolistes ou parnassiens qui cuvent leur rhum et leur ennui au premier étage de l’Hôtel « Impératrice »...

La jarre que découvre Augustin Valbon a une longue histoire… Aux Antilles, au temps de l’esclavage, les riches planteurs Békés craignant des révoltes nègres enterraient leur fortune (argenterie, bijoux, louis d’or) dans des jarres dans un lieu tenu secret. L’esclave qui avait creusé le trou était aussitôt exécuté et enterré à côté du trésor dont il devenait le gardien. On retrouvait parfois ces jarres des décennies plus tard. Dans les années 1950-60, le bruit courut dans les veillées mortuaires du Nord de la Martinique qu’une de ces jarres contenait des livres, parmi lesquels un mystérieux Traité des quatre-vingt dix pouvoir des morts. le posséder garantissait la vie éternelle… le fameux livre se trouve-t-il dans la jarre déterrée par Augustin ? Cette découverte est-elle bien réelle : s’agit-il d’un miracle ou d’une diablerie ?
Aventure initiatique où se mêlent les croyances multiples des Antillais et méditation sur la mort, La jarre d’or est aussi une réflexion sur le mystère de l’écriture et la condition de l’écrivain dans une culture dominée par l’oralité. 


Mon avis :


J'ai découvert Raphaël Confiant au travers de sa saga parlant de la dure vie des plantations aux Antilles. Elle comprend " Commandeur du sucre ", " Régisseur du rhum" et " La dissidence ". C'est donc avec plaisir que j'ai choisi ce nouveau roman.
Encore une fois je n'ai pas été déçue.

Tout commence avec Augustin Valbon, un jeune écrivain râté, qui espère sans relâche devenir un grand auteur, et un mythe antillais, la jarre d'or. Celle que recherche Valbon est un peu spéciale. Elle contiendrait des livres, des livres interdits, des livres maudits. Grâce à cette jarre, Valbon espère trouver la gloire qu'il désire tant, mais aussi avoir la reconnaissance de ses parents ( son père refuse son choix de vie, écrivain n'est qu'un rêve de fou ).
La légende ne dit pas qui l'a enterrée ni où. Alors les rumeurs vont bon train.

Cette aventure initiatique a de multiples facettes : elle mêle les croyances antillaises, une méditation sur la mort et  le mystère de l'écriture.
L'auteur aborde une partie du folklore antillais : le mythe de la jarre d'or. Des jarres remplies de biens précieux jalonneraient le sol antillais, et celui ou celle qui en trouverait une, s'assurerait la fortune. Dans le cas d'Augustin sa fortune est dans les mots, dans l'écriture. C'est donc tout naturellement que la jarre de ses rêves contienne des livres.

L'auteur raconte avec finesse les rituels liés à l'enterrement et le repos des défunts. Il explique que les esprits blessés ou perturbés viennent demander l'aide des vivants. Notre jeune écrivain va en faire l'expérience, car un  indien, mort il y a bien longtemps, va venir le hanter toutes les nuits. Il exige qu'Augustin fasse déplacer sa dépouille qui est enterrée sous une allée du cimetière. Le rituel des ses pairs nécessite une incinération, il ne trouvera le repos que dans la tradition des siens.  Pour avoir la paix, Augustin n'a d'autre choix que de s'acquitter de cette tâche.

Malgré un léger souci de chronologie, on a du mal à situer les événements dans le temps, ce roman se lit sans réelle difficulté. Nous partons à la découverte d'un monde et de ses croyances. Nous embarquons sous forme d'esprit aux côtés d'Augustin Valbon pour rencontrer de multiples personnages : des esprits retors, des jeunes femmes au sang chaud, des personnages de romans envoûtants, des quimboiseurs inquiétants, des vieilles dames au caractère bien trempé mais adorables, des fossoyeurs étranges... mais tous ont un point commun : ils sont touchants et méritent d'être connus.

J'ai eu grand plaisir à lire "La jarre d'or", roman dépaysant et prompt à la méditation. Je vous le conseille vivement, vous serez sous le charme des mots de Raphaël Confiant.

3 commentaires:

  1. Je ne connais pas encore cet auteur mais vu ton enthousiasme je vais noter ce titre!

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  2. Je l'ai lu également, fin octobre, et je viens de voir ta critique sur Babelio. J'ai beaucoup aimé ce que tu en dis.
    Par contre en ce qui concerne la chronologie, il y a plein d'indices épars en fait pour se situer mais il est vrai que c'est un récit non linéaire!

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  3. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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